Une station radar de classe « Voronej-M » près d’Irkoutsk.
Vadim Savitsky / TASS« Les industries militaires nationales vont construire une station radar surpuissante de détection d’une potentielle attaque de missiles contre la Russie », a déclaré Sergueï Boïev, président du conseil d’administration de la holding RTI, qui chapeaute la construction des systèmes d’alerte en cas de tir de missile.
Selon lui, la station radar de classe « Voronej-DM » sera installée dans le nord-ouest du pays, près de la ville de Mourmansk (à 1872 km de Moscou), où elle « couvrira la principale trajectoire potentielle de missiles » sur le flanc ouest du pays. La nouvelle station pourra repérer des objets ballistiques, spatiaux et aériens, y compris des missiles de croisière.
Les stations radar de classe « Voronej » permettent au ministère russe de la défense de surveiller le territoire de la Fédération par secteurs sur un rayon de 6000 km. Elles sont l’un des trois éléments du système intégré d’alerte anti-missiles.
« Le premier niveau est spatial. Par exemple, nos satellites de classe +Toundra+, que le ministère russe de la Défense a mis en orbite l’année dernière, préviennent du lancement d’un missile ballistique depuis le territoire d’un ennemi probable », a déclaré à RBTH une source au sein du complexe militaro-industriel.
Selon cette source, ce sont ensuite les stations radars de classe « Voronej » ou leurs équivalents qui suivent la trajectoire de vol du missile et guident les systèmes de défense anti-missiles.
« Les satellites repèrent le lancement, il faut ensuite savoir où se dirige le missiles, vers nous ou vers l’Amérique du Sud. Cette station donne des indications de ciblage aux systèmes de défense anti-missiles. Une station de ce genre dispose d’un champ de vision allant de Saint-Pétersbourg aux côtes américaines », ajoute-t-elle.
Les stations radar précédentes évoquaient par leur apparence des monuments antiques proches de pyramides d’Egypte. Le modèle actuel s’en différencie largement.
« Le système soviétique +Daryal+ en Azerbaïdjan était composé de deux gigantsques constructions en béton : un centre de communication de plus de 60 m de hauteur et une +antenne+ de 100 mètres. Leur personnel se composait d’une centaine de personnes, leur construction avait nécessité dix ans et un milliard de dollars », a même confié sa source à RBTH.
Selon lui, la classe « Voronej » est un liliputien à côté, avec son « antenne ajourée en forme de filet dissimulée sous un léger parement et ses quelques conteneurs d’équipement ». Le prix de la nouvelle station varie entre 21 et 29 millions d’euros et le personnel nécessaire à son exploitation n’est que de 15 personnes.
Depuis le début des années 2000, la Russie modernise son système de prévention contre les attaques de missiles. Pour garantir la sécurité de ses frontières, Moscou doit impérativement remplacer les stations soviétiques obsolètes, ainsi que les éléments perdus lors de la chute de l’URSS, situés dans les pays Baltes, en Ukraine et en Biélorussie.
En 2008, la première station radar de classe « Voronej » fut déployée dans le village de Lekhtussi, près de Saint-Pétersbourg. Elle est en mesure de surveiller tous les appareils spatiaux et aériens des rives du Maroc au Spitzberg, l’archipel de l’Océan Glacial Arctique.
Les stations radar en Russie. Crédit : Nikolaï Korolev
La seconde station fut installée en 2009 à Armavir dans le territoire de Krasnodar (1400 km au sud de Moscou). Elle surveille un secteur s’étendant de l’Afrique du Nord à l’Inde.
Des stations radar similaires sont aujourd’hui déployées dans la région de Kaliningrad dans le village de Pionerskoïe (1300 km à l’ouest de Moscou) et près d’Irkoutsk (5200 km à l’est de Moscou). La première surveille les tirs de missiles venant de « l’ouest », la seconde, une zone allant de la Chine à la côte ouest des États-Unis.
Le ministère russe de la défense prévoit de déployer des systèmes équivalents dans les territoires de Krasnoïarsk (4200 km à l’est de Moscou) et de l’Altaï (3900 km à l’est de Moscou), ainsi qu’à Orsk (1750 km à l’est de Moscou) et près de Vorkuta (1900 km au nord-est de Moscou).
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