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Le terme « Grand Nord » a été introduit en Union soviétique dans les années 1930 pour désigner des régions éloignées où les conditions de vie sont difficiles. La plupart de ces régions sont dans des zones où se trouve le pergélisol : les sols y sont infertiles et les hivers rudes. Le principal critère pour qualifier une région comme faisant partie du Grand Nord est l’inaccessibilité et l’absence de communication avec les autres régions tout au long de l’année. Comme les habitants ironisent parfois : si vous demandez votre chemin, on ne vous indiquera pas la route à prendre, car il n’y en a pas, mais plutôt des directions à suivre.
Géographiquement, ces zones sont situées dans le cercle arctique et en Extrême-Orient. Cependant, au niveau législatif, certains territoires sont associés au Grand Nord alors qu’ils ne s’y trouvent pas. C’est le cas notamment d’une partie de l’Oural et du Sud de la Sibérie, plus précisément des régions de Touva et de l’Altaï.
Il existe d’autres zones assimilées aux territoires du Grand Nord. Avec elles, il couvre donc près de 70% du pays.
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Malgré l’immensité de ce territoire, moins de 12 millions de Russes vivent dans le Grand Nord, soit 7% de la population du pays. Il est intéressant de noter que la population du Grand Nord compte beaucoup de représentants de minorités autochtones, notamment les Pomors, Iakoutes et Touvains. En général, ils mènent le même mode de vie traditionnel qu’il y a des centaines d’années. Toutefois, les villes de cette vaste zone se vident peu à peu. À l’époque soviétique, les gens s’y installaient car les salaires y étaient cinq à six fois plus élevés que dans le reste du pays. La plupart des villes ont en effet été construites sur des gisements de minerai, qui sont sur le déclin depuis l’effondrement de l’URSS.
Les habitants préfèrent donc partir vers des climats plus hospitaliers et vendent leur appartement. Ainsi, à Vorkouta, un appartement de deux pièces à rénover coûte environ 2 200 euros, soit l’équivalent du prix d’un mètre carré dans la banlieue moscovite. Dans les villages aux environs de Vorkouta, un appartement meublé coûte à partir de 330 euros (et il s’agit bien de son prix d’achat, et non du tarif de location). Salekhard, dans le district autonome de Iamalo-Nénétsie, est l’une des rares exceptions : sa population augmente chaque année et les habitants n’ont pas l’intention de partir. Vous pouvez en apprendre plus sur Salekhard ici.
La reconnaissance des territoires du Grand Nord était primordiale pour pouvoir résoudre le problème de la livraison des produits essentiels aux habitants. Chaque année, avant l’hiver, l’État organise les « livraisons pour le Grand Nord » et y envoie du carburant, des médicaments, de la nourriture et d’autres produits, en général par voie aérienne ou maritime.
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Il y a bien sûr des magasins dans les villes et villages du Grand Nord, mais leur approvisionnement est très couteux, ce qui se répercute sur les prix pour les acheteurs.
L’agriculture est difficile à cause du pergélisol, et les conditions météorologiques ne permettent pas toujours d’importer de la nourriture d’autres régions. Les biens coûtent donc très cher, et la seule chose plus accessible dans le Grand Nord que dans le reste de la Russie est le logement. Le fromage y coûte deux fois plus cher qu’en Russie centrale. Les œufs, trois fois plus cher. Les fruits et légumes, sont quatre à cinq fois plus chers. Cependant, on y vend à un prix relativement bas différents types de gibiers et de poissons que l’on ne trouve que rarement en « Russie continentale ».
Dans les villes du Grand Nord, les immeubles sont traditionnellement peints dans des couleurs vives. Là où on ne trouve ni soleil ni végétation, ces bâtiments orange, jaunes ou roses aident à remonter le moral. Impossible d’être triste avec un environnement si coloré ! Regardez donc ces magnifiques peintures de Salekhard :
Des privilèges particuliers pour les habitants du Grand Nord ont été introduits en 1932 et révisés à plusieurs reprises. Aujourd’hui, ils bénéficient de 52 jours de congé dans l’année (soit presque le double des 28 jours octroyés dans le reste du pays). Dans les régions assimilées au Grand Nord, le nombre de jours de congé est de 44 jours. Tous les deux ans, le déplacement vers le lieu de vacances est pris en charge par l’entreprise du citoyen, tandis que le temps de trajet nécessaire pour s’y rendre n’est pas compté dans la durée des congés.
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Une personne habitant et travaillant dans le Grand Nord depuis plus de 15 ans est en droit de partir à la retraite cinq ans plus tôt que les Russes « du continent » (55 ans pour les femmes et 60 ans pour les hommes). Il faut vivre et travailler plus de 20 ans dans une région assimilée au Grand Nord pour bénéficier du même droit.
Les personnes ayant passé toute leur vie plus au sud auront beaucoup de mal à s’habituer aux hivers froids et venteux et au manque de soleil. Pour les populations indigènes du Nord, ces conditions ne sont toutefois ni inhabituelles ni stressantes. Il y a quelques années, des études menées en Iakoutie ont montré que le corps des autochtones s’adapte assez rapidement à la nuit polaire et au rude climat.
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