Comment les Russes ont conquis les vestiges du grand Empire mongol

Alexeï Kivсhenko
Le khanat de Crimée a posé le plus grand problème de tous les fragments de la Horde d’or – ses troupes ont même incendié Moscou. Cependant, avec le temps, la Russie l’a également neutralisé.

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Au cours de l’invasion mongole de l’Europe de 1236-1242, les principautés russes ont subi de terribles dévastations et, pendant plus de deux siècles, sont tombées dans une dépendance politique et économique vis-à-vis de ces nomades.

C’est la Horde d’or, puissant État mongol, dont les frontières s’étendaient de l’actuelle Moldavie à la Sibérie occidentale, qui décidait qui régnerait en Russie et quel serait le montant du tribut devant être payé aux khans (chefs tataro-mongols).

À la fin du XIVe siècle, la Horde d’оr est entrée dans une période de déclin et, au milieu du siècle suivant, elle s’est scindée en plusieurs parties. Un certain nombre de khanats turco-tatars ont alors vu le jour sur le territoire du puissant État disparu, chacun d’entre eux se considérant comme le véritable héritier de l’Empire mongol.

Dans le même temps, le processus inverse se déroulait sur les terres russes : un État russe centralisé était en train de voir le jour. Il a fini par devenir si puissant qu’il s’est accaparé l’héritage de la Horde d’or. Ce processus s’est toutefois étendu sur plusieurs siècles.

Khanat de Kazan

Prise de Kazan

Parmi les grands fragments de la puissance mongole, Kazan était le plus proche de Moscou. Elle a été la première à tomber sous les coups des Russes.

Pendant plus de cent ans, les deux parties se sont violemment affrontées, au cours de raids dévastateurs de courte durée et de guerres de grande ampleur. Était aussi mené un jeu diplomatique – une partie de l’élite politique de Kazan était pro-moscovite et l’autre orientée vers le khanat de Crimée.

En 1487, le grand-duc de Moscou Ivan III est parvenu à prendre Kazan et à établir sur le khanat un protectorat, qui durera plusieurs décennies. Cependant, seul son petit-fils, le tsar Ivan IV, dit le Terrible, au cours de ce que l’on appelle la troisième campagne de Kazan en 1552, a réussi à soumettre définitivement le vieil ennemi.

Khanat d’Astrakhan

Prise d'Astrakhan par les troupes russes, 1554

Presque immédiatement après Kazan, est venu le tour du khanat d’Astrakhan. Sentant le danger croissant que représentait Moscou, les dirigeants locaux ont commencé à chercher une alliance avec le khanat de Crimée et l’Empire ottoman. Toutefois, cela ne les a pas aidés.

En 1554, la première campagne des troupes russes contre la capitale du khanat – Khadji-Tarkhan (l’actuelle Astrakhan) – a eu lieu. La raison en était l’arrestation de la mission diplomatique russe sur ordre du khan Iamgourtcha.

>>> Les traditions culturelles des Tatars de Crimée 

La campagne a été couronnée de succès, Iamgourtcha s’est enfui et le protégé russe Dervich-Ali s’est assis sur le trône. Cependant, comme celui-ci s’est trop vite orienté vers la Crimée, une nouvelle campagne et la prise de la capitale se sont ensuivies. En 1556, le khanat d’Astrakhan a ainsi cessé d’exister.

Khanat de Sibérie

Conquête de la Sibérie par Ermak

Contrairement à Kazan et Astrakhan, la conquête du khanat de Sibérie n’a pas commencé à l’initiative du tsar. La campagne de l’armée cosaque de l’ataman (chef cosaque) Ermak contre ce khanat a en effet été financée par les riches marchands Stroganov, dont les possessions dans l’Oural étaient régulièrement attaquées par les Tatars.

En novembre 1582, les cosaques ont pris la capitale du khanat, Kachlyk (près de la ville moderne de Tobolsk), forçant le khan Koutchoum à se retirer dans les steppes. Ermak n’a toutefois pas pu écraser complètement Koutchoum et est mort en 1585 dans une embuscade organisée par le khan.

Cependant, la route vers la Sibérie était déjà ouverte à l’État russe et, après les cosaques, de nombreux contingents militaires avec les voïvodes (gouverneurs militaires) du tsar à leur tête s’y sont rendus. À la fin du XVIe siècle, la soumission du khanat était achevée.

Khanat de Crimée

Catherine II à Taurida

La Crimée s’est avérée être le plus puissant des fragments de la Horde d’or, qui, par ses raids dévastateurs, a causé bien des soucis à l’État russe. En 1571, le khan Devlet Gueraï a même réussi à incendier Moscou.

Les Tatars se sentaient en sécurité sur la péninsule. Depuis la fin du XVIe siècle, l’Empire ottoman patronnait le khanat, bien que les khans aient périodiquement tenté de se débarrasser de la tutelle obsessionnelle des sultans.

Le sort de la Crimée s’est joué au XVIIIe siècle au cours de plusieurs guerres russo-turques. En 1736, les troupes russes ont envahi pour la première fois la péninsule et ont même brûlé la capitale du khan, Bakhtchissaraï. En 1774, la Russie a obtenu l’indépendance du khanat vis-à-vis de l’Empire ottoman et, en 1783, l’a déjà annexé à ses possessions.

Dans cet autre article, découvrez ce que la Russie a hérité des Tataro-Mongols.

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