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Depuis sa création et jusqu'à la fin de l'URSS, le KGB était une force de premier plan dans la politique et la société soviétiques. Ses opérations de renseignement secrètes magistrales et ses sabotages retentissants à l'étranger ont cimenté le statut de superpuissance de l'Union soviétique, mais sa croisade impitoyable contre les dissidents a gravement terni sa réputation.
Liaisons dangereuses: Oleg Gordievski, célèbre agent double passé du KGB au MI6 britannique
L'histoire du KGB a commencé en 1954, lorsque le premier ministre soviétique de l'époque Nikita Khrouchtchev a cherché à remplacer le NKVD — le Commissariat du peuple aux affaires intérieures, opérant sous Joseph Staline, qui a permis au dictateur de consolider son pouvoir et de procéder à des purges en URSS en la fin des années 1930 — par une nouvelle institution.
Le KGB nouvellement formé — l'abréviation de Komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti (Comité de la sécurité de l'État) — a été conçu pour rendre des comptes devant les dirigeants politiques soviétiques, bien qu'il soit formellement subordonné au Conseil des ministres, le gouvernement de jure de l'URSS, qui était de facto moins puissant que le Comité central du Parti communiste (PCUS).
L'objectif officiel proclamé du KGB était de « protéger l'État socialiste contre l’intrusion d'ennemis externes et internes et de défendre les frontières d'État de l'URSS ».
Dans la pratique, l'appareil de sécurité nouvellement mis en place est devenu « l'épée et le bouclier » du PCUS, la direction politique de facto du pays. Sa raison d'être était de protéger le parti, d'assurer la stabilité du système politique de l'URSS, de réprimer l'opposition et les dissidents, de recueillir des renseignements, de superviser les activités de contre-espionnage en URSS, de mener des opérations clandestines à l'étranger et de protéger les frontières soviétiques, pour ne citer que quelques fonctions.
Structurellement, le KGB était organisé en dix directions principales, cinq branches spéciales et quelques services administratifs destinés à faciliter le travail de ces dernières.
Chacune des directions principales avait sa propre spécialisation étroite. Diverses directions géraient des questions de sécurité apparemment sans rapport mais qui, mises ensemble, formaient une approche globale de la sécurité à l'intérieur et à l'extérieur de l'URSS.
Monument à Félix Dzerjinski en face du siège du KGB à Moscou
Vladimir Vyatkin/SputnikPar exemple, la septième direction principale était chargée de la surveillance. Les agents de la direction suivaient les diplomates étrangers, les visiteurs ordinaires et les hauts fonctionnaires étrangers partout où ils allaient en Union soviétique. En un mot, la septième direction était les yeux et les oreilles du KGB à l'intérieur de l'URSS.
Le KGB était connu pour ses méthodes très créatives de surveillance clandestine du personnel de l'ambassade américaine à Moscou. Parfois, des agents soviétiques truquaient les machines à écrire utilisées par le personnel de la mission diplomatique.
« À l'intérieur de cette machine à écrire se trouvait une pièce en aluminium qui la traversait d'un bout à l'autre. Ce que les Soviétiques avaient fait […] c'est, en gros, de démonter les machines à écrire et de remplacer cette barre par une autre qui avait exactement la même apparence, mais qui avait été usinée. Et de l'électronique avait été placée discrètement à l'intérieur de cette barre d'aluminium, qui semblait en surface solide, mais était en réalité évidée. Ce que l'électronique faisait est que chaque touche tapée sur la machine à écrire était stockée dans une assez petite mémoire tampon à l'intérieur de cette barre et lorsque la mémoire tampon était pleine, son contenu était transmis via un signal RF à un poste d’écoute soviétique à proximité », a déclaré Jim Gosler, ancien directeur du bureau des technologies de l'information clandestines de la CIA (à la retraite), commentant un documentaire de Netflix.
Pour les diplomates américains, les machines à écrire « sur écoute » n'étaient que le sommet de l'iceberg. Tout le bâtiment était truffé d'appareils de surveillance cachés.
En haut : l'ambassade des États-Unis à Moscou. En bas : l'un de quelque 40 microphones découverts dans la représentation diplomatique américaine The U.S. Embassy in Moscow (above). Below is one of more than 40 secret microphones found in the American Embassy in Moscow.
Bettmann/Getty Images;/APLorsque les Russes ont construit une nouvelle ambassade américaine à Moscou à la fin des années 1970, le KGB l'a bourrée de systèmes d’espionnage dès le stade de la maçonnerie.
« La seule façon de sécuriser ce bâtiment aurait été de couper les trois étages supérieurs environ du bâtiment, de les jeter et de les reconstruire en utilisant de la main-d'œuvre américaine et du matériel américain [apporté] des États-Unis », a déclaré Ray Parrack, ancien officier supérieur du renseignement technique (à la retraite) de la CIA, commentant également le documentaire susmentionné.
D'autres directions supervisaient le contre-espionnage (deuxième direction principale), les travaux de cryptage et de décryptage (huitième direction principale), la sécurité des chefs de parti (neuvième direction principale) et la stabilité politique de l'État soviétique (quatrième direction principale).
Pourtant, à l'avant-garde de la guerre froide de l'URSS avec l'Occident se trouvait la première direction principale, célèbre pour ses réseaux d'espionnage notoires et ses opérations clandestines à haut risque à l'étranger.
Lire aussi : Qui pouvait travailler pour le KGB?
Le premier directeur de la CIA, Allen Dulles, a un jour décrit le KGB comme étant « plus qu'une organisation de police secrète, plus qu'une organisation de renseignement et de contre-espionnage. C'est un instrument de subversion, de manipulation et de violence, d'intervention secrète dans les affaires des autres pays. »
En effet, les agents du KGB ont fait des vagues à l'étranger et ont influencé le cours de la guerre froide de différentes manières. L'agent du KGB Bogdan Stachinski est célèbre pour avoir abattu deux nationalistes ukrainiens antisoviétiques cachés en Allemagne de l'Ouest avec un pistolet lançant un spray empoisonné très élaboré qui ne laissait aucun signe de mort violente sur les victimes.
On a supposé que le KGB a aidé la police secrète bulgare à assassiner avec une arme empoisonnée dissimulée dans un parapluie l'écrivain dissident Georgi Markov, qui avait fait défection de cet allié de l'URSS en 1978.
Une réplique du parapluie utilisé pour assassiner l'écrivain Markov exposée dans le International Spy Museum, à Washington
Mark Wilson/Getty ImagesLe KGB a également été impliqué dans des opérations à grande échelle à l'étranger, y compris une opération secrète visant à organiser un assaut contre le palais Tajbeg très protégé à Kaboul et tuer le leader afghan Hafizullah Amin, afin de provoquer un changement de régime dans le pays en 1979. Auparavant, l'agence avait joué un rôle clé dans la répression de la révolution hongroise de 1956 en arrêtant certains de ses dirigeants.
Au plus fort de la guerre froide, le KGB dirigeait des réseaux d'espionnage et d'informateurs aux quatre coins du monde. L'agence a travaillé activement sur le sol américain et recruté des officiers militaires américains et des agents de renseignement comme l'officier de marine américain John Anthony Walker Jr. et l'officier de la CIA Aldrich Ames pour siphonner les secrets militaires américains et les transférer vers l'URSS. Bien qu'il soit impossible d'établir un nombre exact, certains chercheurs pensent que le nombre d'informateurs travaillant pour le KGB pendant la guerre froide s’élevait à plusieurs millions.
Les pièces d'identité dont se servait l'espion John Anthony Walker
FBIL'ère du KGB s'est terminée avec l'effondrement de l'Union soviétique et la fin de la guerre froide en 1991. L'agence de sécurité notoire, qui avait protégé les intérêts du Parti communiste à l'intérieur de l'URSS et à l'étranger pendant 37 ans, a été dissoute et remplacée par le Service fédéral de sécurité, alias FSB, qui a hérité de nombreuses fonctions du KGB dans la Russie moderne.
La statue de Félix Dzerjinski, fonsateur du KGB, déboulonnée à Moscou, août 1991
Alexander Zemlianichenko/APDans cet autre article, nous parlons du travail de Poutine en Allemagne de l’Est
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