C’est sans doute l’un des projets de génie civil les plus ambitieux de l’histoire russe : un pont routier et ferroviaire de 19 km reliant la Russie à la Crimée. La construction de l’ouvrage, connu simplement sous le nom de pont de Crimée, ou de pont du détroit de Kertch, suit, pour le moment, le calendrier prévu. Le 17 juillet, le ministère russe des Transports a annoncé que le grand chantier était achevé à 75%. Il devrait être ouvert en décembre 2018 et reliera la péninsule de Kertch en Crimée à la péninsule de Taman dans la région de Krasnodar.
Initiative personnelle du président Vladimir Poutine, ce pont est un projet exigeant et techniquement complexe qui coûte 228 milliards de roubles (3,3 milliards d’euros). Voici tout ce qu’il faut savoir sur le projet de construction du siècle.
1. L’idée du pont avait été évoquée avant même le rattachement de la Crimée à la Russie. Pendant les années 2000, les experts russes et ukrainiens ont évalué la possibilité de créer un corridor de transport entre les deux pays et, en 2008, ils ont convenu de construire le pont du détroit de Ketch avant 2014, mais les travaux n’ont jamais été lancés.
2. Les travaux sur la superstructure sont menés des deux côtés et se rejoindront au milieu. Plus de 20 navires et 5 000 personnes travaillent jour et nuit, sept jours par semaine, afin d’achever le projet d’ici la fin de l’année prochaine. Plus de 30 entreprises sont impliquées dans la construction.
3. L’autoroute qui traversera le pont aura quatre voies et devrait pouvoir accueillir jusqu’à 40 000 voitures par jour. La vitesse sera limitée à 120 km, l’autoroute sera gratuite et il faudra compter environ 10 minutes pour traverser le pont en voiture.
4. Le pont comptera deux voies de chemin de fer d’une capacité de 47 trains par jour voyageant à une vitesse de 120 km/h au maximum pour les trains de passagers et de 80 km/h pour les trains de marchandises. Le pont devrait être ouvert aux trains en 2019 : pour le moment, l’infrastructure ferroviaire n’est achevée qu’à 55%.
5. Le pont n’entravera pas le transport maritime via le détroit de Kertch. Il aura des arcs spéciaux de 227 mètres de large et de 35 mètres de haut pour permettre aux bateaux de passer en-dessous.
6. Le pont est érigé dans une zone d’activité tectonique et sismique, aussi, pour réduire les risques potentiels, les constructeurs utilisent trois types de pieux – forés, tubulaires et prismatiques – et les installent à une profondeur de 45, 90 et 16 mètres respectivement. Au total, l’ouvrage comptera 7 000 pieux pour soutenir les 595 piliers du pont de Crimée.
7. Il sera construit de manière à résister aux tremblements de terre d’une magnitude supérieure à neuf sur l’échelle de Richter. Il sera également protégé des dérives de glace dans le détroit en hiver. D’autres facteurs naturels (comme les tempêtes, les vagues, les inondations et les érosions des côtes), ainsi que l’impact écologique potentiel du projet ont été pris en compte par les concepteurs.
8. Compte tenu de l’histoire du détroit de Kertch, particulièrement pendant la Seconde Guerre mondiale où le détroit fut le théâtre de nombreux affrontements violents, les archéologues et les sapeurs ont examiné le fond marin avant le lancement de la construction. Une sélection d’objets historiques a été découverte, sans parler des 700 mines qui ont dû être désamorcées !
9. Le pont de Crimée sera le plus long de Russie, mais aussi d’Europe. Il surpassera même le pont Vasco da Gama au Portugal (17,2 km).
10. La structure sera illuminée aux couleurs du drapeau russe à l’aide de lumières spéciales. L’arc de la route sera bleu, les arcs du chemin de fer rouges, et les autres parties blanches.
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