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Pierre Ier, qui s'appellerait « le Grand » après sa mort en 1725, était l'un des dirigeants les plus énergiques et les plus actifs qu’ait connu la Russie. Tout au long de sa vie, il s’est essayé à divers métiers et compétences – apprentissage de l'ingénierie, de l'architecture et de la construction navale. Dans le même temps, il gouvernait son pays d’une main de fer.
Il n'est pas étonnant que Pierre ait personnellement participé, quoi qu’incognito, à la Grande Ambassade de Russie en Europe (1697–1698), désireux non seulement de renforcer l'alliance avec certains pays, mais aussi d'étudier la vie en Europe et d'en apprendre davantage. Peu de temps après son retour, la civilisation russe a connu des changements à marche forcée, le jeune tsar inspiré ne rechignant sur aucun effort afin de moderniser et de réformer l'ordre existant. Qu’a rapporté en Russie le souverain d’Amsterdam, de Vienne et d'autres villes européennes?
Crédit : Global Look Press
« Vous n'avez pas de seconde chance de faire une première impression », pensait probablement Pierre en regardant les aristocrates russes (boyards). Avec leurs longues barbes et habillés de kaftans massifs, ils étaient à mille lieues des nobles européens sophistiqués avec leurs perruques poudrées et leurs visages rasés de frais.
Ainsi, Pierre a décidé une fois pour toutes que chaque noble devait être rasé et porter des vêtements européens. Pendant les assemblées et les bals de la cour, il coupait personnellement les barbes et déchirait les vêtements traditionnels volumineux. Les boyards, qui se souvenaient que leur monarque était également capable de couper les têtes comme lors du coup de palais raté de 1698, craignaient tellement Pierre qu'ils renoncèrent rapidement à leurs barbes et changèrent d'apparence.
Jusqu'en 1700, la Russie vivait selon l’ancien calendrier hébraïque de la Bible qui était arrivé à Moscou via Byzance et qui commençait à partir du moment de la création du monde (estimée en l'an 5508 av. J.-C.). Après ses voyages, Pierre a compris qu'il était absurde que toute l'Europe vive en 1700, alors que la Russie était en 7208.
Après son retour en Russie, Pierre a littéralement réécrit l'histoire, proclamant le 19 décembre 7208 le 1er janvier 1700. Au même moment, il a modifié la journée où les Russes célébraient la nouvelle année – la faisant passer du 1er septembre au 1er janvier. La société traditionnelle, en particulier les anciens croyants, qui considéraient déjà Pierre comme l'Antéchrist, étaient fous de rage. Mais encore une fois, on ne peut pas si facilement résister aux décisions du tsar…
Crédit : Archives
Sous le règne de Pierre, le premier journal a été imprimé en Russie le 13 janvier 1703. Impressionné par l'industrie naissante des médias néerlandais, le tsar était convaincu que son peuple méritait également de connaître le monde qui l’entourait. Le premier journal, qui s'appelait Vedomosti et contenait de 2 à 7 pages, était essentiellement une collection de faits de différentes sphères de la vie, sans titres et sans structure. Dans le même paragraphe, on pouvait parler pêle-mêle de la récolte dans une ville éloignée et d'une guerre européenne.
Néanmoins, le public n'était pas exigeant lorsque la première édition de Vedomosti fut publiée. Et pour cause, la grande majorité de la population russe était analphabète du début du XVIIIe siècle. Pourtant, un fait demeure: Pierre le Grand fut le premier magnat des médias russes.
Crédit : RIA Novosti
Dans la Russie actuelle, il n’est pas rare de voir des gens frire des pommes de terre avec de l'huile de tournesol. Peu de Russes, cependant, savent que nous faisons cela aujourd'hui parce que Pierre le Grand a ramené de Hollande à la fois des pommes de terre et des tournesols (ils étaient arrivés en Europe depuis les Amériques au XVIe siècle). Le tsar prévoyait que les Russes pourraient faire bon usage de ces derniers, mais les gens résistèrent dans un premier temps.
Alors que les paysans ont rapidement compris ce qu'il fallait faire avec les tournesols, la pomme de terre s'est avérée être un défi. Ils avaient l’ordre de cultiver le tubercule, mais n’avaient reçu aucune instruction sur la façon de la cuisiner et de la manger. Au lieu de consommer des pommes de terre, ce qu’ils auraient dû faire, ils ont essayé de manger les feuilles de pommes de terre non comestibles et se sont souvent empoisonnés. Par suite, les paysans l’appelèrent « la pomme du diable ». Mais après un certain temps, tout le monde s’est réconcilié avec le tubercule et, à la fin du XIXe siècle, elle est devenue « le deuxième pain » des Russes.
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