Dix tableaux célèbres de Philippe Maliavine 

Philippe Maliavine
Il se destinait à l’iconographie, mais se fit connaître grâce à ses tableaux représentant la vie de paysannes et ses portraits de Vladimir Lénine et Léon Trotski.

Suivez Russia Beyond sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr

La vie de Philippe Maliavine fut semblable à ses tableaux : éclatante et chamarrée. Le peintre naquit en 1869 dans une famille peu aisée du gouvernement d’Orenbourg. Il apprit à dessiner très tôt. À l’âge de quatre ans, il reproduisait au charbon tout ce qu’il voyait. Plus tard, il commença à mettre de l’argent de côté pour s’acheter du papier et des crayons. Il était au comble du bonheur, lorsqu’il arrivait à trouver de la fuchsine, un colorant pourpre. Il avait huit ans quand il reçut sa première commande : une femme de son village lui demanda de faire le portrait de son fils pour l’envoyer à son mari qui combattait les Turcs durant la guerre russo-ottomane. Il toucha alors dix kopecks.

Sa rencontre en 1885 avec le peintre d’icônes Prokl changea sa vie : il l’accompagna au mont Athos où il devint apprenti dans un atelier d’iconographie. Il y resta six ans. Ses travaux furent remarqués par le sculpteur de l’Académie impériale des Arts Vladimir Béklémichev (1861–1919). Celui-ci fut tellement impressionné qu’il encouragea le jeune iconographe à quitter le mont Athos pour aller étudier à Saint-Pétersbourg.

Igor Grabar, 1895

Musée Russe

Philippe Maliavine étudia dans la classe d’Ilia Répine (1844–1930). Il faisait les portraits de ses condisciples. « Maliavine me demanda de lui prêter un châssis. En une séance, il brossa un portrait qui fit sensation à l’Académie. Ce portrait fut terminé au premier jet. Tout le monde fut sidéré et, le lendemain, tous les professeurs défilèrent pour le voir. Répine vint et s’émerveilla longuement de la force de l’application et de la vitalité du portrait », se souvenait Igor Grabar (1871-1960).

Jeune Paysanne Tricotant un Bas, 1895

Galerie Tretiakov

Le peintre s’intéressa à des sujets qui lui étaient proches et compréhensibles : des scènes de la vie quotidienne des paysans. Parmi ses travaux où la couleur joue un rôle majeur, on citera la Jeune Paysanne Tricotant un Bas. Philippe Maliavine y peignit une paysanne de son village qui portait le même nom de famille que lui : Praskovia Maliavina. Cette toile fut présentée au Salon de la société moscovite des Amateurs d’Art où le mécène Pavel Tretiakov (1832-1898) en fit l’acquisition pour sa collection.

Rires, 1899

Galerie Internationale d’Art Contemporain Ca’Pezaro

Philippe Maliavine apprit très rapidement : il termina sa formation à l’Académie impériale des Arts en deux ans. La toile qu’il présenta pour l’obtention de son diplôme était Rires. Le jury ne l’accepta pas, considérant qu’elle était vide de sens et se résumait à des taches de couleurs ! Ilia Répine prit la défense de son élève et releva : « Ce talent indomptable et éclatant aveugla complètement nos académiciens ». Mais, Rires fit découvrir son auteur au public d’Europe occidentale. Ce tableau fut récompensé de la médaille d’or lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900. L’année suivante, il fut exposé à la Biennale de Venise. Rires ne rentra pas en Russie. L’Italie en fit l’acquisition pour sa Galerie internationale d’Art contemporain.

Tourbillon, 1906

Galerie Tretiakov

En 1900, Philippe Maliavine s’établit avec sa famille dans le gouvernement de Riazan. En 1906, au Salon de l’Union des peintres russes, il présenta sa toile Tourbillon. Les journaux y virent « un hymne à la largesse de la nature russe, à son éclat et à son ampleur » et furent obligés de reconnaître qu’à côté du Tourbillon, les autres travaux exposés au Salon faisaient pâle figure. Toujours aussi enthousiasmé, Ilia Répine discerna dans le tableau de son élève non seulement de la joie, mais aussi de l’inquiétude et le définit comme le symbole de la vie durant les années 1905-1906. « La voilà, informe, assourdissante, retentissante comme des cloches et des tuyaux, cette orgie de couleurs... De loin, cette toile semble être un déluge de sang colossal... ». Le Conseil de la galerie Tretiakov acheta Tourbillon dès la fin du Salon de l’Union des peintres russes.

Autoportrait avec sa Femme et sa Fille, 1910

Musée National de Iougra

Cette même année 1906, Philippe Maliavine fut élu membre de l’Académie impériale des Arts. Il partit ensuite à l’étranger et ne rentra en Russie que trois ans plus tard. En 1911, lors du Salon de l’Union des peintres russes, il présenta son Autoportrait avec sa Femme et sa Fille peint dans un style moderniste. Les critiques n’apprécièrent pas ce tableau. Philippe Maliavine préféra ensuite rester dans sa propriété du gouvernement de Riazan et n’exposa pas pendant longtemps.

Bonnes Femmes (Le Châle Vert), 1914

Galerie Tretiakov

Après la Révolution d’Octobre, le domaine de Philippe Maliavine fut nationalisé. Il s’installa alors à Riazan et enseigna un temps aux Ateliers Libres de Peinture et au studio artistique de la garnison. Il déménagea ensuite à Moscou. Il emporta avec lui toutes les toiles qu’il avait pu sauver du pillage de sa propriété en 1918. Parmi elles, les Bonnes Femmes qui représente des paysannes en train de danser.

Vladimir Lénine, début des années 1920

Musée d’Isaac Brodski

En 1920, Philippe Maliavine fut invité au Kremlin. Il avait remporté le concours organisé par le Commissariat du peuple à l’Éducation à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution d’Octobre. Il fit plusieurs esquisses de Vladimir Lénine, de Léon Trotski et de plusieurs autres leaders soviétiques. Plus tard, Pablo Picasso fit l’acquisition de l’une de ces esquisses. Il était émerveillé de la maîtrise de son auteur et disait que Philippe Maliavine avait su portraiturer « un Lénine vivant et authentique ».

La ballerine Alexandra Balachova, 1923

Musée National de Iougra

Philippe Maliavine quitta la Russie pour toujours en 1922. Il s’établit à Paris, puis à Nice. Il peignait des portraits sur commande. La galerie parisienne Charpentier et le pavillon pragois Myslbek lui organisèrent des expositions personnelles.

Nadejda Plévitskaïa, 1924

Collection privée

À Paris, Philippe Maliavine fit le portrait de Nadejda Plévitskaïa, interprète de romances et de chansons folkloriques russes. Nicolas II la surnommait le rossignol de Koursk. Après avoir quitté la Russie, elle continua de se produire.

Le Traîneau, 1933

Collection privée

En France, Philippe Maliavine se mit à peindre des paysages et fit une série de toiles nostalgiques sur lesquelles est représentée une troïka traversant des champs enneigés pour rejoindre un village qu’on aperçoit au loin.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata, Philippe Maliavine se trouvait en Belgique. Il fut arrêté, soupçonné d’espionnage. Comme il parlait mal français, il ne put s’expliquer. Il dut d’être libéré à la chance. Le chef de la gestapo locale était un amateur d’art. Le peintre russe dut rejoindre la France à pied. Ces épreuves eurent des conséquences sur sa santé. Le 23 décembre 1940, Philippe Maliavine décéda à l’âge de soixante-dix ans.

Dans cette autre publication, découvrez cinq chefs-d’œuvre de peintres russes proscrits en leur temps

Chers lecteurs,

Notre site web et nos comptes sur les réseaux sociaux sont menacés de restriction ou d'interdiction, en raison des circonstances actuelles. Par conséquent, afin de rester informés de nos derniers contenus, il vous est possible de :

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

À ne pas manquer

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies