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La révolution a temporairement plongé la Russie dans le chaos et l’anarchie - les gens ont commencé à piller et détruire les palais impériaux, les manoirs, les domaines nobles et les églises. Heureusement, cette vague de vandalisme a été interrompue par le nouveau gouvernement qui a nationalisé ces biens. D'innombrables richesses se sont ainsi retrouvées entre les mains des bolcheviks (rien que les diamants impériaux atteignaient 51 479,38 carats). Cependant, certains de ces joyaux furent assez rapidement vendus.
Employés de Gokhran avec des joyaux de la couronne russe. Moscou. 1923
Gokhran« En Amérique, cela s'appelle du mot gracieux d’"aliénation" et c’est considéré comme une procédure normale. En Russie, cela s'appelle une vente au rabais et l’on maudit ceux qui les ont autorisées, à la fois avant et après la Révolution », écrit le directeur de l'Ermitage Mikhaïl Piotrovski dans la réédition du livre Les Trésors vendus de la Russie, ajoutant que cette cession était considérée en Russie comme une tragédie nationale. Où peut-on désormais voir les trésors des Romanov et de la noblesse russe ?
En 1933-1937, l'épouse de l'ambassadeur américain en URSS Marjorie Post a acheté un grand nombre d’objets de la Russie tsariste dans un dépôt-vente à Moscou. En 1968, elle a transféré toute sa vaste collection d'antiquités dans son domaine de Hillwood près de Washington. Aujourd'hui, il abrite l'un des plus grands musées d'antiquités russes des États-Unis.
Sa collection comprend, par exemple, un précieux bol de 1791 et des vases appariés de la Manufacture impériale de porcelaine datant de 1836.
Des vases appariés de la Manufacture impériale de porcelaine
Hillwood Museum, Washington, DCEn 1966, lors d’une vente aux enchères organisée par Sotheby's, Marjorie Post achète une couronne impériale des Romanov de 1884 en argent, diamants et velours. Avant d'arriver à Hillwood, ce trésor connut un destin complexe : en 1926, la couronne a été vendue à l'antiquaire Norman Weiss, et l'année suivante lors d’enchères de Christie's à Londres, elle avait été achetée par un antiquaire pour la galerie Wartski.
Une couronne impériale des Romanov de 1884 en argent, diamants et velours
Hillwood Museum, Washington, DCLe Portrait de Leurs Majestés Impériales tiré de la publication Description du couronnement sacré de leurs majestés impériales par l'empereur Alexandre II et l'impératrice Maria Alexandrovna de Toute la Russie (1856), qui était conservé dans la bibliothèque d'Alexandre II, a été vendu à la New York Public Library.
Le Portrait de Leurs Majestés Impériales
New York Public LibraryDe précieux œufs de Pâques de Fabergé ont été vendus à différents acheteurs. Dix d’entre eux ont été vendus à la Hammer Brothers Gallery de New York (y compris l'œuf avec des miniatures pivotantes sur la photo ci-dessous). En 1945, il a été acheté par Lillian Thomas Pratt, propriétaire de l'une des plus grandes collections d'œufs de Fabergé. Elle a fait don de ses trésors au Musée des Beaux-Arts de Virginie, où ils sont conservés aujourd'hui.
Crystal de roche
Musée des Beaux-Arts de VirginieDe nombreux tableaux de la collection de l'Ermitage ont été achetés par l'homme d'État américain Andrew Mellon. Ils ont ensuite formé le noyau de la National Gallery of Art de Washington DC, dont il a été l'initiateur et le principal contributeur. Ainsi, la galerie de Washington abrite désormais L'Adoration des Mages de Botticelli (début des années 1480).
L'Adoration des Mages de Botticelli
Sandro Botticelli/Andrew W. Mellon Collection/National Gallery of ArtLa Madone d'Albe de Raphaël (vers 1510) y est également conservée. Les bolcheviks l'ont vendue pour un montant alors record de plus de 1,7 million de dollars.
La Madone d'Albe de Raphaël
Raphael/ Andrew W. Mellon Collection/National Gallery of ArtCes derniers ont également nationalisé les vastes collections privées des marchands et mécènes russes qui rachetaient de l'art occidental, notamment les impressionnistes et l'avant-garde. De la collection Morozov, Stephen Clarke a acheté Le Café de nuit de Vincent Van Gogh via la galerie Knoedler & Co, et en a fait don plus tard à la Galerie d’art de l’Université de Yale.
Le Café de nuit de Vincent Van Gogh
Vincent van Gogh/Galerie d’art de l’Université de YaleLes œufs de Pâques Fabergé Mosaïque et Panier de fleurs sauvages ont été vendus dans les années 1930 aux Windsor et font partie depuis lors, aux côtés de bijoux royaux, de la collection d’Elizabeth II de Grande-Bretagne.
Les œufs de Pâques Fabergé Mosaïque et Panier de fleurs sauvages
Collection d’Elizabeth II de Grande-BretagneOn trouve aussi une épingle à cheveux, ou aigrette, en forme de branche fleurie datant des années 1760 et 70, que même les autorités soviétiques considéraient comme « l'une des plus belles œuvres du XVIIIe siècle ». Elle a été vendue aux enchères par Christie's le 16 mars 1927. L'aigrette et deux épingles en émeraude du XVIIIe siècle font maintenant partie de la collection de Charles James Phillips à Londres.
L'aigrette et deux épingles en émeraude
Collection of S.J. Phillips, LondonLa British Library a quant à elle obtenu un Codex Sinaiticus du IVe siècle. Il avait été offert par le monastère grec de Sainte-Catherine au tsar Alexandre II en 1859.
Codex Sinaiticus
British Library, LondonUn grand nombre de tableaux provenant de la collection de l'Ermitage se trouvent au Louvre. Ils ont été remis au musée parisien par des collectionneurs français membres de la Société des amis du Louvre, qui ont racheté ces trésors aux bolcheviks. C'est ainsi que le Paysage au château de Rembrandt, acheté par Georges Wildenstein, s'y est retrouvé.
Paysage au château de Rembrandt
Rembrandt Harmenszoon van Rijn/Musée du LouvreLa Société des Amis du Louvre a acheté pour le musée une « épaulette » avec une scène de la Résurrection du Christ. Elle a été réalisée en Lorraine vers 1170-1180 et se trouvait avant la révolution dans la sacristie de la cathédrale de l'Assomption à Vladimir.
Une « épaulette » avec une scène de la Résurrection du Christ
Musée du LouvreLes bolcheviks ont mené une lutte active contre la religion ; ils ont confisqué tous les précieux ustensiles d'église en métaux précieux, fondu les cloches et vendu des icônes. C’est ainsi que l'icône de la Mère de Dieu à l’enfant est arrivée à Bruxelles à la fin des années 1920, intégrant la collection des époux O'Meara, avant d’être achetée par l'émigrant russe Alexandre Popov qui l’a emmenée à Paris.
L'icône de la Mère de Dieu à l’enfant; l'icône représentant Constantin et sa mère Hélène
Ikonen-Museums RecklinghausenEn 1966, l'antiquité a été remise au musée des icônes de la ville allemande de Recklinghausen. L'icône de l'an 1500 représentant Constantin et Hélène, sa mère, a connu le même sort.
Dans la collection du Musée national de Stockholm, on trouve des icônes représentant l'apôtre Pierre et une grande martyre inconnue de la fin du XIIIe - début du XIVe siècle. Dans les années 1930, elle a été achetée par l'envoyé suédois à Moscou, William Assarsson.
Icônes représentant l'apôtre Pierre et une grande martyre inconnue
Musée national de StockholmDe nombreuses icônes ont été offertes au Musée national de Stockholm par le banquier Olof Aschberg. Proche des bolcheviks, il les a aidés à créer la Banque commerciale russe. Avec l'approbation et la médiation du gouvernement soviétique à la fin des années 1920, il a sorti environ 250 icônes (!) du pays. Parmi elles se trouvaient une Mère de Dieu et un Jean-Baptiste du XVIIe siècle.
Une Mère de Dieu et un Jean-Baptiste
Nationalmuseum, StockholmL'icône Entrée au Temple de la très-sainte Mère de Dieu Théotokos du XVIe siècle a été achetée par le conseiller commercial norvégien R. Zeiner-Henriksen. Elle a été transférée en 1957 au Musée national d'art, d'architecture et de design d'Oslo.
L'icône Entrée au Temple de la très-sainte Mère de Dieu Théotokos
Musée national d'art, d'architecture et de design d'OsloDe nombreux tableaux de maîtres hollandais de la collection de l'Ermitage sont « revenus » dans leur pays natal - ils ont été achetés par le Rijksmuseum d'Amsterdam. Parmi eux, plusieurs œuvres de Rembrandt, y compris des peintures des années 1660 : Le reniement de Saint-Pierre (photo) et Titus en moine.
Le reniement de Saint-Pierre
Rembrandt Harmensz van Rijn/RijksmuseumEn 1928-1931, une Bible de Gutenberg unique du début des années 1450 a été vendue par la Bibliothèque publique d'État de l’URSS (maintenant la Bibliothèque d'État russe). Elle est maintenant conservée à la Fondation Martin Bodmer en Suisse.
Une Bible de Gutenberg
Alpra ArazeL (CC BY-SA 4.0)Une importante collection de trésors impériaux est conservée au musée Calouste Gulbenkian de Lisbonne. En 1929-30, un magnat du pétrole d'origine arménienne achète un grand nombre de toiles de l'Ermitage, dont Portrait d'Hélène Fourment de Rubens, Alexandre le Grand et Portrait d'un vieil homme de Rembrandt, L’Annonciation de Dirk Bouts, Le Tapis vert à Versailles au moment de l'abattage des arbres de Hubert Robert (photo) et bien d'autres œuvres.
Le Tapis vert à Versailles au moment de l'abattage des arbres de Hubert Robert
Hubert Robert/Calouste Gulbenkian Foundation, LisbonSa collection comprend également une sculpture en marbre de deux mètres réalisée par Jean-Antoine Houdon représentant Diane.
Diane par Jean-Antoine Houdon
Jean-Antoine Houdon/Calouste Gulbenkian Foundation, LisbonAprès des négociations avec le gouvernement soviétique, Gulbenkian achète également une collection de services de l'époque Louis XVI, fabriqués par des artisans français pour la cour russe.
En 1933, le chef-d'œuvre de Giovanni Battista Tiepolo Le Banquet de Cléopâtre (1743-1744) a été transporté vers Melbourne par voie maritime. Le tableau, acheté par Catherine II pour l'Ermitage, a été acquis par le fonds du mécène australien Alfred Felton pour la National Gallery of Victoria, où il est conservé à ce jour.
Le Banquet de Cléopâtre de Giovanni Battista Tiepolo
Giovanni Battista Tiepolo/National Gallery of VictoriaDans cette autre publication découvrez quinze reliques de tsars ayant gouverné la Russie avant les Romanov.
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