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À sa sortie, au début des années 1790, Pauvre Lisa a révolutionné la littérature russe. Nikolaï Karamzine a innové en transformant l’histoire d’une jeune fille en déchéance morale en une histoire d’amour déchirante. L’auteur a fait bon usage de la tragédie et a agrémenté son histoire d’une fin terriblement triste. Le personnage emblématique de Karamzine est devenu le synonyme d’amour non-réciproque, de grande tristesse et d’injustice sociale.
Dans l’histoire, Erast, un riche noble, tombe amoureux d’une jeune paysanne de 17 ans et la séduit. C’est le début de la fin de leur relation maudite. Lisa, timide et délicate, a une confiance aveugle en lui, mais le tombeur la trahit rapidement. Il perd sa demeure au jeu et doit épouser une vieille veuve très riche pour se sortir de cette situation. Lisa, incapable de se remettre de la perte de l’amour de sa vie, se suicide en se jetant dans un lac. « [...] n’oublie pas Lis[a], qui t’aime bien plus qu’elle-même »
(Traduction d’Henri de Coiffier, parue dans Les Milles et Une Nouvelles, t. 9, Paris. La bibliothèque russe et slave)
C’est l’un des personnages féminins les plus fascinants de la littérature russe.
Tatiana est une fille de province au grand cœur et prête à faire les sacrifices nécessaires. Elle tombe amoureuse de l’égocentrique Onéguine. Comme c’est souvent le cas dans la littérature, cet amour n’est pas réciproque.
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« Je vous écris.
Que puis-je ajouter à cela ?
Maintenant, je le sais, il est en votre pouvoir de me punir par votre mépris[...] ».
(Traduction d’Ivan Tourgueniev et Louis Viardot parue dans la Revue nationale et étrangère. La bibliothèque russe et slave)
Onéguine la rejette sous le prétexte qu’il ne souhaite pas fonder de famille. La vie continue et Tatiana épouse un autre homme. Onéguine choisit ce moment-là pour tomber amoureux d’elle, mais il est trop tard. Elle n’est plus folle de lui et choisit de rester fidèle à son mari et à ses principes. Dans l’œuvre, elle passe de jeune provinciale naïve et rêveuse à une véritable dame qui incarne la grâce, l’intelligence et la dignité aristocratique.
Lioubov est à la tête d’une famille de la haute société qui est au bord de la faillite. Sans un sou, elle est ruinée par ses dépenses excessives. Elle est donc sur le point de perdre sa demeure mais, surtout, sa cerisaie, si chère à son cœur. Elle adopte une attitude d’autruche vis-à-vis de sa situation, ce qui est inquiétant, et continue de dépenser l’argent qu’elle n’a pas. « L’argent file comme l’eau entre mes doigts », dit Lioubov. Elle est toutefois prête à partager les maigres restes de sa fortune avec les nécessiteux. Car elle est comme ça, Lioubov : une grande dépensière au grand cœur. Elle est l’incarnation de la procrastination, de la frivolité et de la naïveté. La jeune femme, typique de la littérature russe, vit encore dans son passé idyllique et espère que les choses se résoudront d’elles-mêmes. Cependant, cela n’arrivera pas, bien que Tchekhov qualifie son œuvre de comédie.
Matriona et son destin tragique en disent long sur la brutalité de la vie soviétique. C’est une vieille villageoise ordinaire dont l’histoire déchirante vaut la peine d’être lue. Matriona et son mari ont eu six enfants, qui sont tous morts en bas âge. Son mari l’a ensuite quittée. Matriona n’est pas en bonne santé, pauvre et désintéressée. Elle travaille tout le temps. Cependant, elle ne se laisse pas abattre. Malgré sa souffrance quotidienne, elle n’abandonne pas sa foi. Elle garde cette croyance si russe, si dostoïevskienne, de la survie de l’âme humaine. « Nous vivions tous à côté d’elle sans comprendre qu’il s’agit d’une personne très juste sans laquelle, d’après un proverbe, notre village n’existerait pas. Tout comme la ville. Tout comme notre pays tout entier ».
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La princesse Marie Bolkonskaïa sort elle aussi du lot. Elle paraît de prime abord être une fille « docile et timide », mais semble immédiatement être une vieille amie dès qu’on lui parle. Elle subit beaucoup de critiques de la part de son père, le prince Nicolas Bolkonski, un homme sévère et difficile à supporter. Toutefois, la princesse aime et respecte son vieux père maussade : « De plus en plus irritable, ses explosions de colère, sans rime ni raison, retombaient le plus souvent sur sa pauvre fille. On aurait dit qu’il se faisait un vrai plaisir de chercher et de découvrir dans son cœur les endroits sensibles et douloureux, pour la torturer bien à son aise ».
Bien que Marie ne soit pas considérée comme jolie, elle réussit à se frayer un chemin dans le cœur des gens. Sa sincérité émouvante et sa capacité à faire preuve de pitié l’y aident grandement. Modeste, honnête, elle ne juge jamais sur les apparences. « Il m’a toujours paru avoir un cœur excellent, et c’est là la qualité que j’estime le plus », dit-elle d’ailleurs. (Citations extraites de Guerre et Paix, Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »)
Elle est si adorable, féminine et bienveillante qu’on est impressionné dès la première page.
« Cette fille frêle et fragile semble contenir toute la féminité du monde, comme si elle était chargée d’électricité. Si vous l’approchez ou la touchez, même avec un seul doigt, une étincelle illuminera la pièce et soit vous tuera sur le coup, soit vous électrifiera à vie avec sa propension à la tristesse ».
Survivante au fort caractère, Lara ne se laisse pas abattre par une situation délicate. Belle et charitable, elle ne désire pas être aimée, mais a pourtant tous les hommes à ses pieds. Le docteur Iouri Jivago, qui deviendra l’amour de sa vie, ne fait pas exception à la règle.
« Elle ne veut pas être aimée, ni être belle ou fascinante.Elle déteste ce côté de sa féminité et s’en punit en quelque sorte. Cette haine d’elle-même décuple son charme irrépressible ». La capacité de Lara à aimer est infinie. Malgré la triste tournure que prend sa vie, elle ne se place pas en victime et reste digne jusqu’à la fin.
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Cette femme qui s’est jetée sous un train fascine les lecteurs du monde entier depuis près de 150 ans. L’œuvre de Tolstoï est un bijou de la littérature russe du XIXe siècle.
Anna approche de la trentaine et fait tomber tous les cœurs. « En plus d’être intelligente, gracieuse et belle, elle est sincère ».Son authenticité et sa sincérité sont contagieuses. Anna vit avec son mari depuis huit ans, mais tombe follement amoureuse du séduisant Alexis Vronski. Les deux amants se voient en secret, mais toute la haute société finit par l’apprendre. Anna, qui est maintenant une femme déchue, se hait de tromper son mari, qui a 20 ans de plus qu’elle, mais ne peut pas s’en empêcher. La passion ruine sa vie alors qu’elle s’enfonce dans le désespoir, et elle finit par se jeter sous un train. Vous pourriez la qualifier de sentimentale, d’inconsciente ou encore d’irresponsable que vous n’auriez pas tort. Quel que soit le qualificatif que vous utilisiez, il est sûr qu’Anna Karénine restera fidèle à elle-même pour l’éternité.
Elena, la troisième femme de l’auteur, l’a inspiré pour le personnage de Marguerite.
« Elle était, effectivement, belle et intelligente ». Le personnage est une femme « dont les yeux brillaient d’un éclat phosphorique ». La description de ce regard séduisant et téméraire était totalement appropriée. La nouvelle de Boulgakov porte sur des pouvoirs surnaturels et sur le diable qui visite Moscou dans les années 1930.
Le protagoniste, le Maître, qui a écrit un roman sur Ponce Pilate, tombe amoureux d’une femme qui devient une sorcière. L’une des scènes les plus marquantes de la nouvelle est celle du bal satanique organisé par Marguerite un vendredi soir, à minuit. Eleanor Roosevelt disait : « Une femme est comme un sachet de thé. Elle devient plus forte quand elle est plongée dans l'eau chaude ». Puissante et aguichante, Marguerite est la preuve qu’on peut vivre l’enfer et rester humain, le tout avec humour. (Citations extraites de Le Maître et Marguerite, Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »)
Dangereuse, audacieuse et d’une beauté troublante, Nastassia Filippovna est la définition même de la « beauté fatale ». Elle est très secrète, ce qui attire tous les hommes, du prince enfantin Léon Mychkine (le fameux Idiot) au casse-cou Parfène Rogojine.
L’œuvre est un patchwork de toutes les batailles que Nastassia a perdues. Elle est aussi forte que vulnérable ; elle a vécu de nombreuses peines de cœur, et ça se voit.
« [...] en fixant, par exemple, les yeux de la jeune fille : on y pressentait une obscurité profonde et mystérieuse. Le regard semblait poser une énigme » (Traduction d’Albert Mousset, La Bibliothèque électronique du Québec).
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La réputation de Vassa la précède : c’est une femme de fer, l’incarnation russe de la force, de la persévérance et du succès. À première vue, la femme d’affaire a tout ce qu’il faut pour être heureuse : une famille, la richesse et le respect. Cependant, comme toujours, il ne faut pas se fier aux apparences. En réalité, le mari de Vassa est un libertin, son frère est un pécheur qui dilapide la fortune de sa sœur et ses enfants n’ont aucune envie de reprendre l’entreprise familiale. Aucune somme d’argent ne permettra à la millionnaire de 42 ans d’acheter le vrai bonheur. « Il est facile de mener une vie simple, mais cette dernière vous rendra rapidement stupide », croit Vassa.
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